Atelier Ancien collège Victor Hugo
Rue Lakanal
34200 SETE
06 82 22 36 93
Que pousse un être humain à quitter la terre qui l'a vu naître et à tout abandonner derrière lui ? Que pousse à prendre femme et enfants pour, au risque de leur disparition, traverser désert et forêts à pieds, ou l'océan dans une misérable embarcation ? Quoi, sinon l'invraisemblable espoir d'un havre, d'un lieu où chaque jour ne sera pas consacré à survivre, mais juste à vivre, un lieu ou ne pas mourir… un refuge. Ces migrants sont des réfugiés sans refuges. Ils errent, courent, se tapissent dans l'obscurité, fuient les ombres, réelles ou rêvées qui les pourchassent, avec lesquelles ils finissent par se confondre. Un refuge idéal pas encore atteint. C'est cet entre-lieu que j'ai peint; des visages épuisés, des regards hébétés, cet espace entre le pays abandonné et l'autre rêvé. Ce n'est plus l'Afrique, ce n'est pas encore l'Europe, ce n'est pas le lieu d'un voyage, c'est celui d'une fuite et d'une errance. Pour dire ces êtres prisonniers de l'immensité, le très grand format s'imposait, empêchant le regard de tout embrasser d'un coup, obligeant le spectateur à sa propre divagation, sa propre fuite. Et par le choix du goudron comme médium, la série des migrants prend tout son sens. Le goudron évoque le travail de l'homme, indispensable à sa survie; il revêt les routes parcourues par les réfugiés, tapisse le fond des barques. Surtout le goudron n'a pas la noblesse de l'huile, il interdit le pigment, oblige ā travailler la lumière et l'obscur, d'où surgissent les regards de ces hommes, femmes et enfants. Car alors que l'actualité rattrape plus tragiquement que jamais ma démarche, c'est à la simple humanité qu'en appellent ces fresques, celle d'un visage, d'une silhouette cachée entre les arbres ou d'un regard.
Malgré les apparences, ce n’est pas un paysage que je peins, c’est une confrontation. Avec les éléments, le rocher, le vide, le vent, avec le temps, avec soi-même. Je peins le mouvement, l’éphémère, les traces incisives de la perception, la tension, la faille qui n’existe que quand les choses bougent, quand l’air passe. En quête d'une inaccessible sérénité... En acceptant le chaos. Non pas pour l’ordonner, mais pour l’ouvrir sur un ailleurs. Parce que le large existe. J’ai exclu de mes tableaux, toute forme humaine, animale, végétale. C’est le moyen de mettre en avant la dimension archaïque, éternelle des éléments. Sinon on se raccroche trop vite à ce que l’on maîtrise, à ce qui reste à notre échelle… rassure. Là, le regard peut s’approprier personnellement, intimement ce qu’il voit et ressentir tout le tremblement de cette nature, sa puissance, sa fureur, sa douceur, qui sont nôtres, qui sont aussi notre nature intime. Et on peut tenter de passer le cap. Le cap de nos certitudes. Se laisser aller à l’espace proposé. Alors dans cette peinture, il faut agencer. La matière, la densité, les secousses, le rythme, la mélodie, l’épure, les respirations, afin que le souffle qui doit transparaître dans les tableaux, puisse continuer de sculpter face à la force brutale. Et, quelle que soit la réalité évoquée, il suffit de la laisser traverser d’absence, de silence pour qu’elle en sorte décantée et donne ainsi accès à la profondeur. En rendant la présence floue, évasive, on révèle un monde qui s’est affranchi de sa pesanteur.
Depuis toujours le métal m’appelle : il faut que je tape, soude, coupe, imagine des formes, du mouvement dans ce matériau en apparence froid et lourd.
J'ai d'abord voyagé à travers le monde et les expériences pendant près de 10 ans. C'est en 2013, riche de nouvelles connaissances que j'ai posé mes valises d'artiste à Narbonne et ouvert mon atelier de sculpture.
Mon obsession : conquérir la légèreté de la matière… Au cours d’un dialogue intime entre ma sensibilité et le métal, je crée des espaces, des interstices, des craquelures, du vide, pour que le métal nourri d’air respire, ondule, emprunte sa vie à la vague de l’atmosphère...
Dans une recherche esthétique, mes œuvres sont à la fois le symbole sensible de la nature, une invention lyrique et onirique et une combinaison technique. Vibrations impalpables, sensitives, intensément vivantes où se joue une authentique interaction entre l’artiste et le spectateur qui devient acteur...
J'aime travailler des matériaux durs. Bois, pierre (marbre, basalte, granit...), acier, verre. Avec très peu d'outils. En taille directe puis par association de matériaux, pour marquer une rupture. Rarement d'après esquisse. Les défauts qui découlent de cette démarche apportent de l'âme à l'œuvre. Mon travail actuel s'articule autour de la création de "témoins", "jalons", "outils" hors temps, toujours en réaction à l'actualité, une lecture, une rencontre... Centrant ma recherche sur des matières, formes et textures alliant modernité et primitivisme."